Sexpert. C’est le mot qu’on emploi pour désigner ceux qui gagnent leur vie en parlant de sexe. Alors, soit, j’assume. Je suis une sexperte. Ca a commencé pendant que je validais mes études de communication en travaillant comme journaliste pour melty. On m’avait proposé une chronique. A moi de choisir le thème. A l’époque j’étais de celle qu’on qualifiait une « célibatante. » Loin de me morfondre sur ma solitude, j’avais plutôt le célibat joyeux et je ne ratais pas une occasion de jouer aux docteurs avec les hommes de mon choix.
Il faut dire que je sortais alors d’années de grossophobie que je m’infligeais à moi-même en m’interdisant de m’approcher de trop près des hommes. Une rupture et une prise de conscience qu’on ne vit qu’une fois m’ont faite passer du côté obscur de la force : j’avais décidé de rattraper le temps perdu et de m’amuser avec la gente masculine. Il n’en a pas fallu plus pour savoir quel sujet ma chronique allait traiter. En trois coups de cuillères à pots, le titre de ma chronique était trouvé par ma rédac chef de l’époque : « Le carnet rose d’une libertine. » Le mot libertine était quelque peu galvaudé dans la mesure où les libertins sont censés être en couple libres mais ça sonnait bien. Et bien qu’à l’époque, mes talents d’écriture n’était pas encore ce qu’ils sont aujourd’hui, dès le premier épisode, des milliers de personnes étaient au rendez-vous et ne manquaient pas une miette de mes aventures.
Puis, un jour, même si le blog que j’avais créé sur le sujet après mon contrat avec melty cartonnait, j’en ai eu assez de parler de ma vie sexuelle, assez que tout le monde sache le moindre détail de mes amants, commente ma vie, discute mes réactions. Mais surtout, je me suis lassée de la vie de « libertine. » Je ne rêvais que d’une chose : tomber amoureuse. J’ai donc pris la douloureuse décision de dissoudre le blog pour en commencer sur la mode grande taille. Quelque mois plus tard, j’ai rencontré celui qui m’a prouvé que j’étais capable d’être aimée. Ça a duré 7 ans.
L’été dernier, après une rupture difficile, j’ai ressenti le besoin d’écrire de nouveau au sujet du sexe. Entre les moments difficiles que je traversais à vivre les aspects négatifs des relations homme/femme et la révolution Me Too, j’ai eu besoin de m’exprimer. La chronique PUSSY POWER était lancée. Plus question d’exposer ma vie sexuelle à moi. Je préfère désormais partir sur anecdote personnelle pour mettre en perspective certains travers de notre société.
Et comme si je n’étais jamais partie, le blog a instantanément explosé à ce moment-là. On dit souvent que les femmes sont futiles et n’aiment parler que de mode, de maquillage et de physique mais mes articles de mode ne font même pas la moitié des articles PUSSY POWER. Et ce n’est que du texte, que de la réflexion, pas de consommation ou très peu.
Être sexperte comporte beaucoup d’avantages : recevoir des sextoys gratuitement, être invitée au lancement de produits ayant un rapport de près ou de loin avec les relations homme/femme, être le centre des l’attention pendant les dîner car, au fond, tout le monde adore parler de sexe, être celle que les copines appellent en cas de problème sexuel ou gynécologique… La sexualité, tout le monde la pratique mais très peu la comprennent. Être capable d’aider et se sentir compétant est vraiment l’aspect de mon travail que je préfère.
Mais s’il y a bien un aspect de mon métier qui me gonfle c’est le nombre de fantasmes qu’il suscite. Surtout chez les hommes. Entre les abonnés qui veulent à tous prix me rencontrer et les hommes que je date, qui veulent savoir ce que je fais dans la vie et qui ont l’œil qui frise en me lisant, ne me voyant plus que comme une maniaque de la bite, qui passent leur temps à ne me parler que de cul et de ce qu’ils voudraient me faire, j’ai quelque peu l’impression de passer pour la reine des salopes.
J’ai donc décidé d’utiliser mon blog pour faire mon coming out ici et maintenant : JE SUIS LE PIRE DES PLANS CUL.
Oui, il m’arrive d’avoir un appétit sexuel débordant au point d’avoir violé (en vrai il était bien content, hein, ce n’est pas bien de violer son homme) une ou deux fois mon ex au réveil. Bon ok, 3 fois. Et le même jour. Mais j’ovulais, ça ne compte pas. Et oui, je suis tout à fait à l’aise avec ma sexualité. Oui, j’ai une imagination bien fertile et des centaines de scénario que j’adorerais concrétiser. Mais ne vous méprenez pas. J’ai une sexualité on ne peut plus classique.
Voyez plutôt : Je suis hétéro, monogame. Je suis une vraie guimauve et je m’attache assez vite. J’adore les câlins, la tendresse, tout ça. D’ailleurs l’une des positions n’est autre que le missionnaire. Quoi, ne faites pas la grimace, elle a quelques variantes qui donnent des sensations divines aux femmes. Gorge profonde ? Cracher dans la bouche de l’autre ? Se faire éjaculer sur le visage ? Si vous aimez ça, tant mieux pour vous. Je ne vous juge pas mais, pour moi, c’est tout simplement dégueulasse. Et si un mec ose me mettre une giffle au lit “dans le feu de l’action”, je lui arrache la bite avec les dents sur le champ ! Les clubs libertins ? Les plans à 3 ? Rien à foutre ! Tout ce qui m’intéresse c’est de faire l’amour avec MON homme. Ah, et puis, je ne m’allonge pas devant le premier venu. Je suis sûre que vous l’aurez compris. Et je prends du temps, beaucoup de temps.
Tu vois la fille qui s’intéresse vraiment à toi, te pose des questions, tombe amoureuse, te confie ses états d’âme, se plaint de ne jamais te voir dehors et te fait un flan parce que tu ne l’as pas appelé de la semaine ? C’est moi. Non, je t’assure, pire plans cul que moi, tu meures.
Enfin, ça, c’est quand je ne te vois pas venir avec tes gros sabots et que je ne sais pas ce que tu as derrière la tête. Parce qu’en fait, les mecs qui ne s’intéressent à moi que pour mes fesses, je les vois venir à des kilomètres et ils ne m’intéressent tout simplement pas. En fait, ils m’ennuiiiiiiiiient.
Alors oui, il m’arrive de ressentir du désir pour des hommes que je n’aime pas mais le sexe sans sentiment, ce n’est tout simplement plus mon truc. Depuis que j’ai découvert que j’avais un cœur, j’attends toujours plus d’une relation. Et vous savez quoi ? Je n’ai jamais été aussi épanouie que depuis que j’ai accepté ce fait. Je ne sais pas baiser quelqu’un, je ne sais que lui faire l’amour et c’est très bien comme ça.
En gros, pour m’avoir dans son lit il faut être sérieusement épris de moi, sinon je passe mon tour.
Finalement, il s’avère que la période où j’enchaînais les plans culs n’était qu’un moyen de garder le contrôle en gardant les mecs à distance, si persuadée que j’étais que l’amour n’était pas pour moi. Le sexe est un merveilleux moyen d’empêcher quelqu’un de s’intéresser à soi de trop près. C’est le meilleur repoussoir d’amoureux potentiel. Il n’y a rien de plus simple de faire croire au monde entier que tu es une déesse du sexe et que tu n’a besoin de rien de plus. Le sexe nous obsède autant qu’il nous fait peur. Les gens se sentent souvent menacés par ceux qui ont une sexualité plus épanouie que la leur. J’imagine qu’ils ont peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas suffire. Comme si la décision de se mettre en couple ne pouvait pas être prise aussi au sérieux pour quelqu’un qui a eu un célibat mouvementé que pour quelqu’un qui a enchaîné les longues histoires. Comme si le fait d’aimer le sexe empêchait d’avoir de l’affect et de tomber amoureux au point de n’avoir envie de rien d’autre. Personnellement, je préfère dater un homme qui a eu des centaines de femmes dans son lit mais qui n’a aimé que moi plutôt que de devoir prendre un ticket. Mais c’est facile à dire quand on sait que derrière ceux qui multiplient les histoire de fesses se cache souvent un coeur gros comme ça qui a juste peur de souffrir. Un jour au l’autre, ils trouvent le courage et la maturité de s’ouvrir aux autres.
Au fond, je ne rêvais que d’une chose : qu’un jour un mec me dise : “Attends, on s’amuse bien mais moi, je veux savoir qui tu es vraiment. Ca te dit un resto ?”
Evidemment, ce n’est jamais arrivé.
Un jour, mon père m’a dit une phrase qui est restée gravée dans ma tête : “Plus la carapace est épaisse, plus ce qu’elle protège est fragile et précieux.” C’est joli, non ? J’ai mis du temps avant de comprendre à quel point c’était vrai. Ça m’est arrivé comme ça, un jour, sans prévenir. J’étais devant ma TV, je regardais un clip de Lara Fabian et j’ai fondue en larme. Rien à voir avec Lara Fabian. J’ai juste ressentie une vague d’amour m’envahir et se déverser sur mes joues. Je n’ai aucune idée d’où ça venait, pourquoi à ce moment-là mais je pleurais à chaudes larme tant je ressentais d’amour. De l’amour pour moi-même, pour mes proches…
Depuis, je suis une vraie guimauve. Une guimauve hypersensible, c’est vrai, mais une guimauve heureuse.
Après tout, je porte le prénom d’un parfum qui symbolise le romantisme et dont le slogan est : “un jour, la tendresse s’étendra sur le monde.”
Et puis, comme je le disais la semaine dernière, les plans cul, cela accommode plus les hommes que les femmes.
Vous vous direz peut-être que si je ne disais pas vraiment sur quoi porte mon blog, les choses seraient bien plus simples pour moi. Vous avez sans doute raison. Sauf qu’en 2020, une femme ne devrait pas avoir à mentir sur ce qu’elle fait juste pour qu’on s’intéresse à ce qu’elle est au fond d’elle. Ce n’est pas un secret honteux. Je commente la société, je donne des conseils aux gens pour mieux s’aimer et j’en suis infiniment fière. C’est finalement un bon test : ceux qui ne le comprennent pas ne valent pas la peine que je m’intéresse plus que ça à eux.
Je ne parlerai même pas des ceux qui sont dans une misère sexuelle telle que proposer de me rencontrer ou m’envoyer des dick pics (photos de leur bite) est une option pour eux. Mec, on ne se connait pas. Respecte-toi, un peu.
Ce genre de comportement me fait tout autant fuir que les mecs que tu dates et qui de sortent « je préfère te prévenir, je suis très coquin. » En général, je me contente de répondre « tout le monde l’est, tout dépend avec qui » mais autant vous dire que je me pince les lèvres pour ne pas ajouter que si tu ressens le besoin de prévenir c’est soit que tu ne sais pas quand et avec qui l’être, soit que c’est obsessionnel chez toi. Dans les 2 cas, je ne suis pas intéressée. Vas prendre une douche froide.
Donc voilà, c’est dit : je suis le pire des plans cul et je le vis très bien. Merci d’en prendre acte.
Pfiouuuuuuuuuuuu ! Ça fait du bien quand ça sort.
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