Trouver un sujet à développer dans un article toutes les semaines n’est pas toujours facile mais, parfois, le sujet me tombe du ciel.
Dernièrement, j’ai eu une discussion houleuse avec un mec (nous l’appellerons Didier) au sujet d’un ami à lui (que nous appellerons Bernard) qui a quitté sa compagne (que nous appellerons Valérie) qui lui a fait « un enfant dans le dos » alors qu’elle savait qu’il n’en voulait pas. Il a quitté la femme mais s’est impliqué dans l’éducation de l’enfant (il serait super proche de son enfant). Didier était tout à fait admirateur de la réaction de Bernard et considérait l’ex-compagne de ce dernier comme une femme égoïste qui a trahi et son mec et son enfant à venir. Or, vous vous en doutez, pour moi, l’égoïste n’était pas forcément Valérie.
Le sujet de mon prochain article était donc tout trouver car c’est un discours extrêmement moralisateur que j’entends beaucoup trop souvent. Il est très défendu par les masculinistes qui considèrent que la tendance s’inverse et que les femmes commencent à avoir trop de pouvoir sur les hommes. Un discours qui, quand je vois le nombre de femmes tuées par leur conjoint, m’horripile au plus haut point.
Il m’a donc semblé pertinent d’écrire cet article pour exprimer ce que beaucoup de femmes pensent mais ont peur de dire pour ne pas effrayer la gente masculine. Il se peut que vous ne soyez pas d’accord avec ce que je dis et vous êtes le ou la bienvenu(e) pour ne parler dans les commentaires (en restant poli est courtois, évidemment) mais le fait est que beaucoup d’hommes ne comprennent pas qu’ils en demandent tout simplement trop.
Ce débat se compose généralement de deux questions que les générations précédentes ne tranchaient de la même manière que la mienne.
La première question que beaucoup d’hommes ont du mal à comprendre, à accepter, est la question de l’instinct maternel.
Toutes les femmes ne désirent pas un enfant, et c’est très bien comme ça, mais ce que les femmes n’osent dire qu’entre elles est que chaque femme qui veut connaître la maternité est une mère en devenir dès le début. Avant l’accouchement, avant la grossesse, avant même la conception, une femme est déjà maman dans sa tête, dans son cœur, dans son corps. Elle s’est préparée à ce rôle toute sa vie. Tout son être est déjà maman. Et avec le temps ce besoin de faire un enfant ne fait que grossir. Alors, le jour où toutes les conditions sont réunies de son côté pour connaître enfin la maternité, ça passe avant tout. Ça ne se raisonne pas. C’est plus fort que tout.
Beaucoup d’hommes se plaignent que, passé la trentaine, beaucoup de femmes sont obsédées par leur désir de maternité mais ils oublient une chose : elles sont là pour ça. Nous sommes tous venus sur terre pour perpétrer l’espèce. On ne peut pas en vouloir aux femmes d’être un mammifère comme les autres. Même si nous sommes dotés de raison, c’est tout simplement trop demander que de considérer qu’il faut de réprimer cet instinct primaire qui vient des tripes. Un désir de maternité, ça ne se raisonne pas.
On est souvent tous d’accord pour dire qu’il n’y a rien de plus puissant que l’amour d’une mère pour son enfant. Vous savez pourquoi ? Parce qu’il a toujours été là, au font d’elle et qu’il n’a jamais de limite. Il existe des mères défaillantes, malheureusement, mais pour l’immense majorité d’entre nous, l’amour maternel, nous le ressentons avant même d’être maman et cet amour ne fait que grandir lors de la décision de devenir maman, puis quand l’enfant est conçu, puis après l’accouchement, puis au premier mot, aux premiers pas, au premier caca dans le pot, à la première bonne note, au premier « maman je t’aime », aux premiers amis, aux premiers amours… Il ne fait que grossir et grossir. Il n’y a aucun moyen de réprimer cet amour-là, à aucun moment.
On a beau discuter et décider de ne pas avoir d’enfant, le cerveau acquiesce, comprend mais le corps et le cœur ne se résigne jamais vraiment. Il y a toujours l’espoir que tous les Bernard du monde changent d’avis qu’il nous aime assez pour nous accorder ça ou qu’un miracle n’arrive, quitte à lui donner un coup de pouce. C’est couvent le cœur et le corps qui ont le dernier mot.
Vous me direz surement que Valérie aurait pu quitter Bernard mais le quitter c’est prendre le risque de ne pas rencontrer le père de son enfant à temps et peut-être qu’elle l’aimait, tout simplement.
La deuxième question est la question de la contraception qui est également trop souvent traitée avec froideur et légèreté par la plupart des hommes.
Je fais partie de cette génération qui a osé remettre en question la suprématie de la pilule comme contraceptif. Je suis de celles qui ont remarqué à quel point la pilule avait tendance à détraquer le corps des femmes, qui ont osé s’intéresser à d’autres moyens de contraceptions et observer les évolutions de leur corps sous chaque contraceptif. En fait, c’est simple, dans mes proches plus personnes n’utilise la pilule.
Je suis également à un âge où tomber enceinte ne serait pas une catastrophe quelque soit ma situation avec le mec. Ce serait loin d’être facile mais j’assumerais. En fait, ce ne serait pas si mal que ça. Ça m’enlèverait le poids de la peur de ne jamais pouvoir avoir d’enfant des épaules. Ce n’est pas quelque chose que je souhaite ou que je recherche mais ce ne serait pas la fin du monde si ça m’arrivait. Loin de là.
Je suis donc dans la situation idéale pour comprendre ce qu’a vécu Valérie : parce que son compagnon ne voulait pas d’enfant, pendant des années, Valérie a dû avaler une pilule contraceptive qui l’empêchait de concrétiser son rêve. Jour après jour. Alors que son désir d’enfant ne faisait que de grandir en elle, elle devait avaler cette maudite pilule. Encore et encore.
N’est-il pas humain d’avoir la faiblesse « d’oublier » quelques jours ce contraceptif pour concrétiser enfin le rêve de sa vie ? N’est-il pas un peu naïf, injuste et pervers de la part de Bernard de se reposer totalement sur celui qui veut une enfant et qui met de côté se désir viscéral par amour pour prendre en charge la contraception du couple ?
A l’heure actuelle, les hommes ont 3 moyens de contraception : le préservatif, contraignant mais extrêmement efficace, la vasectomie, tout aussi efficace mais qui n’est pas toujours réversible et qui fait surtout peur aux hommes (peur d’être émasculé) et la méthode naturelle qui, effectuée correctement, est toute aussi efficace que les deux précédentes et qui a le mérite d’impliquer les deux membres du couple.
Et puis, il y aura bientôt la pilule masculine qui mérite encore quelques ajustements.
Quoi qu’on en dise les hommes ont eux aussi un certain choix de contraception.
Ne serait-il pas donc normal que ce soit celui qui ne veut pas d’enfant qui gère la contraception ?
Même l’argument de la commodité ne s’applique plus car non seulement, comme l’a vu plus haut, il n’est pas si simple d’avaler chaque jour une pilule qu’on veuille un enfant ou pas (je pourrais faire une ou deux, voire peut-être trois plaquettes de toutes les pilules que j’ai oublié de prendre dans ma vie en toute bonne foi), mais en plus les effets secondaires de la pilule ne sont pas à prendre à la légère.
Jusqu’à présent, j’ai toujours pris en charge ma contraception car je ne souhaitais pas avoir d’enfant mais si demain, je rencontre quelqu’un ce sera à lui de gérer ça, car moi, tomber enceinte, ça me va. Je lui donnerai toutes les informations dont il a besoin (j’utilise la méthode naturelle) et ce sera à lui d’agir en fonction. Ras-le-bol de tenir la main aux mecs ! Tu ne veux pas d’enfant, je peux le comprendre mais prends tes responsabilités. Not my fucking problem !
Un enfant se fait à deux. Lorsqu’une femme tombe enceinte, les deux partenaires sont responsables.
Bon, évidemment, on ne parle pas des femmes sui volent un préservatif dans la corbeille pour s’injecter le sperme qui y est contenu dans la te-cha, hein. Ça, c’est une autre histoire.
Attention, je n’encourage personne à se comporter comme Valérie et à faire un enfant sans l’accord de son compagnon. Un projet de maternité se décide à deux et c’est le genre d’aventure qui prend plus de sens quand on fait partie d’une équipe de parents. Faire un enfant toute seule, c’est dur et c’est un chemin vraiment solitaire mais je comprends ses motivations. Je pense que les hommes qui ne veulent pas avoir d’enfant mais qui se reposent entièrement sur leur compagne pour prendre en charge à contraception, en demandent tout simplement trop. Pour moi, ce n’est pas vraiment une preuve d’amour, d’altruisme ou de respect. Pas plus que de rejeter quelqu’un qui a agit selon ses tripes. L’être humain est faillible.
Personnellement, je trouve un peu hypocrite de reprocher à quelqu’un ce qui s’est avéré être, au final, la plus belle chose qui lui soit arrivé (l’enfant et lui serait copains comme cochons), juste parce que ce n’était pas son choix à lui. La vie est pleine d’aléas et c’est ce qui en fait toute sa beauté.
Si vous êtes en couple avec quelqu’un qui ne veut pas d’enfant alors que vous crevez d’envie d’être maman, le meilleur des conseilles que je puisse donner est : partez. Fuyez. Votre désir de maternité ne fera que grandir et grandir jusqu’à vous dévorer entièrement, jusqu’à ce que vous ressentiez de la haine pour celui qui vous empêche d’assumer se rôle que vous appelez de vos vœux.
S’il vous aime vraiment, que vous êtes vraiment destinés l’un à l’autre, il vous rattrapera et vous suivra dans ce projet. Les hommes ont parfois besoin d’un bon coup de pieds aux fesses pour se réveiller. Mais si ce n’est pas, vous arrêterez de donner des années précieuse à quelqu’un qui ne souhaite rien construire avec vous, qui est trop endommagé pour donner à un enfant et vous vous donnerez une chance de concrétiser votre rêve d’une belle famille. Il n’y a rien d’égoïste là-dedans. Bien au contraire.
Au final, je pense que Bernard a rendu une fière chandelle à Valérie en la quittant car cette rupture lui a donné la possibilité de rencontrer un homme qui l’aimera assez fort pour ne pas lui demander quelque chose qui soit au-dessus de ses forces et pour lui pardonner le fait de n’être qu’humaine, d’être faillible. Il est facile d’aimer et d’être là quand tout va bien, quand l’autre fait ce qu’on attend de lui mais rester quand l’autre fait une erreur, quand c’est un peu moins rose, c’est là pour moi, le sens du véritable amour. L’amour, ce n’est pas un sentiment, c’est un choix qui se fait jour après jour.
Je souhaite donc de tout cœur à notre amie Valoche de rencontrer cet homme le plus vite possible. En fait, je préfère me dire que c’est sans doute déjà fait. Ainsi, l’histoire reste belle.
L’ensemble des points de vues est bien couvert. C’est intéressant parce que il y a quelque temps, au même moment où passait l’episode de NCIS dans lequel ils parlaient de vasectomie, j’ai eu une discussion super houleuse avec une amie sur un sujet très proche (bon, on était en totale opposition), alors du coup j’ai abordé ce sujet avec ma femme.
J’ai 54 ans, elle 43. On a 3 gamins. Ni elle ni moi ne voulons d’autres enfants, et même si (peu probable vu notre complicité) notre couple volait en éclats plus tard, je n’en aurais pas envie d’autres. Du coup je lui ai dit: “Et si moi aussi?” (juste après l’épisode, donc). Sa réponse: “Ben en fait, ça m’amuserait moyen, parce que je n’aurais plus de vraie raison de continuer avec le stérilet hormonal, et l’idée de recommencer à avoir mes règles ne me plait pas du tout.”.
Bon. Charge mentale, c’est sur moi que retombe la décision de son confort à elle. Après avoir réfléchi, et s’être dit que finalement si les règles l’embêtent trop, elle peut toujours faire poser un nouveau stérilet, ou prendre une pilule continue (comme elle faisait avant qu’on ait des enfants, et entre chaque grossesse), on a convenu qu’on irait dans cette direction.
Et c’est la qu’on se rend compte de ce que c’est la vasectomie en France. Tu ne vas pas en clinique et hop c’est fait. D’abord tu vas voir un urologue (mais en France, tu ne peux pas directement, d’abord tu vas voir ton generaliste qui t’envoie vers l’urologue). 6 semaines pour le généraliste (parce que ce mois-ci c’est son internet qui fait les consultations, et son interne je ne le connais pas, il ne me connait pas, et je n’ai pas envie de tout lui expliquer). Une fois ca fait, je prendrai RdV chez un urologue… Et la, vous avez le bonjour d’Hitchcock… Ca va prendre encore plusieurs semaines. Après ce RdV on doit attendre 4 mois (délai de réflexion) avant d’aller le revoir. Quand on le voit, on doit signer un papier comme quoi on est absolument sûr de ce qu’on veut (parce que c’est quand même, à quelques exceptions près, définitif). Une fois ça fait, on prend RdV pour l’opération. Ca c’est facile (enfin, il faut attendre aussi que le médecin soit dispo même si ca se fait en cabinet, avec soit une anesthésie locale, soit juste une insensibilisation thermique). Et donc… après quelques 6 mois de patience, on est enfin vasectomisé. Mais il faut attendre encore 3 mois et faire un spermogramme pour voir si ca a bien fonctionné. Bref… c’est quasiment un an avant d’être enfin tranquille. C’est pas un processus simple. En tout cas clairement pas le même processus décisionnel ni opérationnel que de prendre la pillule, ou même un stérilet (une consultation chez son gyneco et si elle en a en stock, c’est fait, sinon on commande et quelques jours après, c’est fait).
Par contre je me demande, le mec qui, contrairement à moi, ne parle pas de ça avec sa partenaire, mais qui le fait discrètement (après tout, la consultation se fait en journée… et l’intervention ne prend que quelques minutes, et après, il n’y a en général pas grand chose de visible, et côté douleur, quasiment rien … bref, ça peut passer totalement inaperçu)… si il fait ça parce qu’il veut être sûr de ne pas se retrouver père sans le vouloir… Et que sa partenaire, dans son dos, décide d’arrêter la contraception… Ca va donner une situation assez intéressante. Elle va se demander pourquoi elle ne tombe pas enceinte… Et si elle aborde le sujet (en lui avouant l’arrêt discret de la contraception) et que lui lui repond “ah mais de toute manière je suis vasectomisé donc il ne peut rien se passer… lequel des deux se sentira le plus trahi par l’autre? Ou pire… le mec qui en parle avec sa nana… dit qu’il va le faire… et du coup, elle (sachant qu’elle a un an devant elle avant que la stérilisation soit effective) décide d’arrêter discrètement la contraception sans lui dire, se retrouve enceinte…
Je pense qu’un element super important, et qui est dit clairement dans ton article: “Un projet de maternité se décide à deux” (accessoirement, de paternité aussi)…
Mais si il y a bien une règle générale, c’est qu’il n’y a pas de règle générale. Chaque cas est unique. Chaque situation a son propre contexte. Je dirais bien que chaque décision doit se faire à deux (en pensant au 3eme qui arrivera quelques mois plus tard dans ce qui restera du couple après cette prise de décision). Mais en fait, un avantage que les femmes ont sur les hommes (et une amie m’en a récemment fait la démonstration flagrante) c’est que si elles ne trouvent pas un mec avec qui faire leur vie pour avoir des enfants… elles peuvent en faire toutes seules. C’est pas facile. Elle galere seule à l’élever. Mais elle l’a fait seule. Elle a eu recours a la PMA. Elle aurait pu avoir recours a “je couche avec le premier mec venu qui me plait dans un bar” (c’est plus risqué côté IST). Mais elle a décidé ça toute seule. Pas pour éviter de faire un bébé dans le dos d’un mec… mais simplement parce qu’elle ne trouvait pas de mec qui lui semble avoir la personnalité qu’elle souhaitait. (Oui, parce que nous les mecs, j’avoue, on est parfois immatures… ou bien moins matures que les femmes au même âge.)
Je suis assez d’accord avec toi. C’est une bonne chose que tu aies pris cette décision avec ton épouse.
Quant au mec qui ne dit pas à sa compagne qu’il s’est fait faire une vasectomie lui fait prendre un risque inutile et casse-couille pour rien. C’est dommage.
Très intéressant ! Penchez vous sur les méthodes de régulation naturelle des naissances (naprotechnologie par exemple), homme et femme sont acteurs de la contraception !
Ok, d’après ce que je lis c’est une méthode alternative à la PMA. Ce n’est pas vraiment ce qu’on veut ici.