J’ai vu mon premier film porno à l’âge de 14 ans, à une époque où voir un film porno avant 18 ans relevait de l’exploit. Il fallait, en effet, redoubler d’ingéniosité pour se procurer un « film X », comme on les appelait pudiquement à l’époque.
Une copine avait trouvé une cassette vidéo au-dessus d’une poubelle et avait invité la moitié de la classe à la voir chez elle. Nous étions donc une bonne dizaine à découvrir avec stupeur les performances de ces femmes qui recevaient des sexes gigantesques à l’intérieur d’elles. J’imagine que la plupart des garçons présents faisaient de leur mieux pour dissimuler leur érection mais les filles serraient toutes les jambes en se jurant de ne jamais coucher avec un mec, tellement le membre des hardeurs nous semblaient énormes.
Et puis, il y a eu la découverte du vrai sexe, beaucoup moins impressionnant que celui des films porno et surtout beaucoup plus doux, tendre, bienveillant et interactif.
Beaucoup regrettent cette époque où se procurer un film porno était beaucoup plus compliqué qu’aujourd’hui. Pas moi.
Il est vrai que beaucoup trop de jeunes sont influencés par les films porno et se persuadent souvent que pour avoir une sexualité « comme il faut » et être cool, il faut imiter les acteurs et actrices de films pornos.
Mais pour moi le problème va bien plus loin. Le monde du porno n’est que le bouc émissaire d’une société qui adore suggérer le sexe mais s’offusque qu’on en parle vraiment.
Le problème n’est pas qu’il est facile de trouver des films prono sur internet mais que j’ai appris que j’avais un clitoris grâce à eux en grandissant. Le problème n’est pas que les gamins regardent les films pornos mais qu’ils le fassent en pensant apprendre des choses sur la sexualité et en oubliant qu’un film porno n’est rien d’autre qu’une fiction. Le problème est qu’en France, quand un enfant demande comment on fait les bébés, on lui parle de petite graine, de de cigogne et de choux.
Dans ce contexte, il me semblait intéressant de remettre les pendules à l’heure et de vous dire ce qu’il vaut mieux ne pas reproduire lors d’un rapport sexuel, surtout sans l’accord de votre partenaire.
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Le simple fait de vouloir reproduire ce qu’on voit dans les films pornos
On va être clairs : un film porno est une fiction. Il faut bien comprendre que les films porno n’ont pas vocation à être reproduits. Il s’agit juste d’œuvres cinématographiques ayant pout but de pimenter votre sexualité en vous excitant et en faisant marcher votre imagination. Dans un film prono, tout est fait pour des raisons visuelles : les te-cha épilées ? Pour que la caméra capte mieux les images des 2 sexes en action. Les mains derrière les fesses pendant une levrette ? Même chose. Totalement inutile en vrai. La position de madame accroupie au-dessus de monsieur ? Plus visuelle que la classique amazone qui pourtant procure bien plus de sensations à madame et est bien plus confortable pour elle.
En fait, c’est simple, si vous partez du principe qu’un acteur de films porno est un bon coup, vous vous fourrez le doigt dans l’œil mais alors, jusqu’au coude. C’est juste un bon acteur qui a une excellente partenaire de tournage.
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Se comparer aux acteurs et actrices

Et puisqu’on parle des acteurs et actrices, vous vous en doutez mais il est important de le rappeler ici : ce sont avant tout des performeurs. Ils ne sont pas là pour « baiser » mais pour jouer un rôle, vous faire croire que… Entre leur jeu d’acteur et les astuces de plateaux, tout est bon pour faire croire qu’ils sont en train de vivre le coup de leur vie alors qu’ils sont juste en train de bosser. Comme vous, parfois, ils préfèreraient rester sous la couette devant Netflix plutôt que d’aller au bureau et passer 3 heures avec un gourdin monstre (il n’est pas rare qu’ils prennent du viagra pour obtenir de telles érections) en train de coucher avec une totale inconnue qui ne leur plait même pas.
De plus, il faut bien garder en tête qu’ils sont sélectionnés spécialement pour la taille de leur sexe (de leurs seins ou fesses pour les femmes). Il est trompeur de penser que le sexe des acteurs porno est la taille de référence et que si on est en-dessous, c’est qu’on n’est pas un vrai mec. La moyenne nationale tourne autour des 15 cm en érection. C’est la taille d’un Mars et c’est bien suffisant pour faire ce que ça a à faire.
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Désespérer si madame ne couine au moindre mouvement
Les acteurs et actrices pornos sont également choisis pour leur capacité à faire croire qu’ils sont en train de prendre un pied monumental alors qu’ils ne font que leur job. Cela donne des actrices pornos qui se tordent de plaisir à la moindre caresse et au moindre va-et-vient alors que dans la vraie vie, les femmes mettent beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps.
Il existe, en effet, un véritable décalage entre l’idée que se font les hommes de la sexualité féminine et la réalité. Je dis souvent que la pénétration ne devrait être que l’étincelle qui fait tout exploser. Les choses sérieuses, c’est avant que ça se passe, pendant ce qu’on appelle, à tort, les préliminaires. C’est là que tout se joue.
Mais les hommes souffrent aussi de l’image que les films pornos véhiculent sur leur sexualité. Ils passent souvent pour des êtres primaires, brutaux, pour qui plus la fille est « cochonne », plus ils prennent leur pied. Leur plus grande peur ? La panne. Ca n’arrive jamais dans les films pornos, pourtant tous y ont eu droit un jour ou l’autre dans la vraie vie. Les hommes passent souvent pour des bêtes de sexe bestiales alors que la plupart ne demandent pas mieux que de faire l’amour avec leur copine sans se prendre la tête.
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Les positions abracadabrantes
Dernier point pour souligner le fait qu’un film porno n’est rien d’autre qu’un œuvre cinématographique : Les acteurs et actrices porno s’imposent une hygiène de vie comparable à celle de sportifs de haut niveau. Il suffit de voir leurs Instagram pour se rendre compte qu’ils fréquentent assidûment les salles de sport et pratiquent toutes les disciplines possibles leur permettant de gagner en souplesse. Stretching, yoga, taekwondo, tout y passe.
Dans ces conditions, vous comprendrez aisément que réaliser un 69 debout n’est pas donné à tout le monde et heureusement, parce que merci la gerboulette !
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Gorge profonde
C’est pareil pour cette pratique qui m’a toujours rebuté (je ne comprends pas ce qu’il y a d’excitant à avoir une femme baver de partout avec ce bruit effroyable « gleuh, gleuhl gleuh » et s’étouffer avec une teub, désolée).
Cette pratique demande énormément de savoir-faire. Rendez-vous compte : il faut avaler un objet de 20 cm dans la gorge sans s’étrangler ni vomir. Ca dépasse l’entendement, c’est extrêmement désagréable pour madame et en plus ça n’est même pas plus agréable pour monsieur car la plupart des terminaisons nerveuses du pénis se trouvent sur le gland. L’intérêt est uniquement psychologique. C’est quand même cher payé sachant que la demoiselle risque de s’étouffer.
De grâce, laissons ça aux professionnels et contentons-nous d’insister sur le gland tout en faisant des va-et-vient sur la verge ou en lui caressant « les maracas » comme dirait Roméo Elvis (les testicules).
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Éjaculer sur le visage de madame ou lui cracher dans la bouche
Simple question, s’adressant aux hommes : aimeriez-vous qu’on vous le fasse ? Non ? Pourquoi vouloir le faire à votre partenaire, alors ? Je vous invite à vous interroger sérieusement sur le fait qu’humilier de la sorte votre partenaire vous excite car c’est franchement inquiétant et ça participe à la culture du viol. A moins qu’on ne vous le demande, on n’y pense même pas.
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Claquer les fesses de sa partenaire sans y mettre du contexte
Suis-je la seule à qui c’est arrivé de kiffer le moment, à 4 pattes et qu’une grosse claque sur mes fesses casse le délire ? Genre : « heu, pourquoi ? »
Pourtant les fessées, je ne dis pas non mais, sérieusement, faut y mettre le contexte. Tu ne peux pas filer une claque, comme ça, sans prévenir. Faut y mettre de l’intention. Fais-moi croire un peu qu’on joue un rôle, que tu ne t’es pas vraiment permis de me mettre une claque. Une fessée, ça se prépare, ça se met en scène, ça se fait attendre, ça se savoure. Tu dis à la demoiselle qu’elle a été vilaine, tu l’installe sur tes genoux et là tu lui mets quelques claques. Là, c’est excitant. Là, tu fais monter la pression. Tu ne lui exploses pas le cuisseau comme ça, sans prévenir alors qu’elle est déjà en train de kiffer et qu’elle n’a rien demandé, merde quoi !
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La bifle (une gifle avec la bite)
Selon un sondage sur mon compte Instagram, à peine 25% des femmes de ma communauté acceptent d’être biflées. Et encore, le sondage a été faussé par des hommes qui y ont participé. Ce qui est certain, c’est que la bifle est loin de faire l’unanimité. Ci-bien que si vous êtes un homme et qu’il vous prend l’envie de mettre un coup de bite dans le visage de votre partenaire (j’ai failli écrire adversaire, c’est dire si ce geste n’est pas franchement un moment de romantisme), je vous conseille vivement de lui demander son accord parce que moi, par exemple, je vous arrache la bite avec les dents et je suis loin d’être la seule.
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Être agressif psychologiquement ou physiquement
Il parait que c’est excitant. Peut-être est-ce un exutoire où certains hommes crachent leur venin pour se délester de la frustration accumulée mais à moins d’avoir des tendances masochistes (ce qui n’est pas vraiment fréquent, finalement), se faire insulter, recevoir des claques sur le visage ou subir des mouvements d’humeur n’a rien d’excitant. Il ne faut pas confondre domination (qui, elle, peut être excitante) avec mépris.
Pour ceux et celles qui auraient un doute, le sexe est un moment intime et privilégié où chacun exprime son désir pour l’autre et donne du plaisir à l’autre. Ce n’est aucun cas le moment de rabaisser quelqu’un à moins que cela soit une demande de l’autre partenaire.
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Passer d’une pénétration anale à vaginal sans changer de préservatif ou sans s’essuyer le sexe de monsieur avec une lingette
Alors là, je ne déconne même pas. C’est DEGUEULASSEUH !!!
Les intestins des hommes, comme ceux des femmes, sont littéralement remplis de bactéries en tout genre. Et bien que le vagin des femmes possède une fonction auto-wash performée par la flore vaginale, cette dernière a ses limites et ne pas lutter contre les bactéries qui prolifèrent dans le rectum. Alors si, après une sodomie, on souhaite frapper à la porte de devant pour plus de fun, je suis catégorique, soit on se nettoie la verge avec une lingette, soit on change de préservatif. Sinon c’est la cystite assurée et j’aimerais rappeler que mal soignée, une cystite peut monter jusqu’au reins et, à terme, être mortelle. Ne déconnez pas avec ça.
Petite astuce de tournage : la raison pour laquelle les acteurs se passent de cette règle c’est que les actrices pornos subissent un lavement avant chaque scène de sodomie. Alors sans aller jusque là (ce n’est vraiment pas agréable), je vous déconseille fortement de négliger cette règle d’hygiène élémentaire.

Je conclurai en disant qu’on prétend souvent que les films pornos sont responsables de la culture du viol car dans beaucoup de scénarios le consentement des femmes n’est pas toujours évident, loin de là, mais les actrices signent des contrats parfois durement négociés par des avocats ou des agents. Elles lisent un scripte avant de tourner et sont libres de refuser de tourner la scène ou de la faire modifier. Elles sont donc entièrement consentantes et ne font que jouer un rôle. De plus, les films pornos ne font que de mettre en scène des fantasmes et un fantasme n’a pas pour but d’être réalisé mais d’exciter.
Cela dit, il faut bien admettre que le sexe pratiqué dans les films pornos les plus accessibles est souvent violent et dégradant pour les femmes parce qu’il est produit par des hommes pour des hommes qui ne se soucient absolument pas du point de vue des femmes mais également et justement parce que ces pratiques sont choquantes, suscitent la curiosité et donc des clics. Je souhaite cependant rappeler que ce n’est qu’une partie des films pornos produits. Les maison de production proposant des contenus scénarisés, respectueux des femmes et de bonne qualité explosent car les femmes aussi se mettent au porno. D’autres pornographes de talent, comme l’exceptionnelle Erika Lust, ont l’art de nous titiller sans manquer de respect à qui que ce soit. Encore faut-il accepter de dépenser une dizaine d’euros pour avoir une œuvre éthique de qualité.
Ce qui ajoute à la culture du viol, c’est le fait de se laisser influencer par les films pornos dans notre propre sexualité et d’oublier trop souvent que ce ne sont que des fictions destinées à nous exciter. La culture du viol n’a jamais eu besoin de l’industrie du porno pour exister. Alors prenons les films pornos pour ce qu’ils sont : des divertissements. Ni plus, ni moins. Et apprenons aux jeunes les notions de plaisir, de consentement, de respect, de limites… Des choses qui leur serviront bien plus dans leur sexualité que les performances de Jean Val Jean, mon acteur porno préféré.
Cela dit, il ne faut pas être naïfs pour autant. Dans la mesure où les Pays-Bas est le pays le plus avance sur ces questions et prodiguent des cours d’éducation sexuelle dès la primaire, je pensais qu’ils seraient moins concernés par le problème mais un de mes amis hollandais m’a révélé que même les néerlandais y sont confrontés. L’éducation sexuelle ne suffit donc pas. Le problème du porno c’est que tout le monde en consomme (ou presque) mais que personne n’en parle. Or, il est primordiale d’expliquer à nos enfants que, et je cite ses propos, “dans la vraie vie, toutes les femmes ne sont pas rasées, toutes les queues ne mesurent pas 30 cm, toutes les femmes n’ont pas les seins siliconés et coucher avec le livreur de pizza n’est pas normal.”
En somme, le porno, n’est qu’une autre des problématiques de l’émergence d’internet. Si d’un côté la multitude de contenus et d’informations est une chance inédite dans l’histoire de l’humanité, d’un autre côté, cela a des effets pervers. La solution n’est en aucun cas d’interdire le porno mais surtout d’apprendre à prendre de la distance avec ce qu’on voit, de développer notre sens critique et d’accepter le fait qu’il y a des choses qui sont très sexy à regarder mais beaucoup moins à vivre.
Sur ces bonnes paroles, je vous laisse. Jean Val Jean m’attend sur Redtube. Ça m’a épuisée tout ça.
PS : C’est normal de trouver un acteur porno super cute ou il faut que j’aille consulter ?
Fantastisch verhaal van mijn favoriete columniste! Sex is iets prachtigs wat altijd altijd in overleg zou moeten plaatsvinden!
Absolument Seb. Le sexe, c’est à la fois beau et bon. C’est mon mantra.
Oui, c’est tout à fait normal 🙂 Super article cela dit et oui, je confirme, la plupart des acteurs prennent des stimulants avant de tourner afin d’être performant.
Merci pour cet article si bien écrit . Totalement d’accord avec tes idées et tes paroles . Tu me redonne le sourire à chaque fois
Oh merci mille fois Élodie. Ca me touche beaucoup.