Vendredi soir sous mes couettes. Mordue par le froid soudain, je me réfugie dans la chaleur de mes draps qui sentent bon le propre pour écouter Brut, le dernier EP d’Yseult qui vient tout juste de sortir. Envoutée par la sensualité du dernier opus d’une de mes chanteuses préférées, je me dandine en scrollant Insta bien lovée sous les couvertures. Je passe la meilleure soirée du monde quand je tombe sur un visuel du comte @tasjoui critiquant les femmes qui se disent féministes et qui déclarent aimer les gros pénis.
Je relis le post plusieurs fois pour m’assurer d’avoir bien compris ce qu’elle dit et je réfrène le double tab que j’ai tendance à lui attribuer d’office. Je clique pour répondre mais au lieu de formuler mon message, je décide de jouer avec mon BIG BOSS, le vibromasseur « bien calibré » de la marque Fun Factory. Ben quoi ? C’est pour la science ! Il faut bien vérifier si ma préférence pour les larges pénis est bel et bien basée sur une idée biaisée par la phallocratie ou si pour une fois notre amie Dora aurait dû tourner ses pouces 7 fois avant de poster !
Quatre orgasmes incroyablement puissants en rafale plus tard, il faut bien se rendre à l’évidence : aussi féministe que je sois et aussi concernée que je me sente par ce qu’Eddy LePretto appelle la virilité abusive, cette image testostéronée du mâle dominant, le fait est qu’un large pénis a plus de chance de me faire jouir comme jaja qu’un pénis qui le serait moins. Faire ce constat-là est-il un acte de haute trahison envers mes convictions féministes ?

C’est un débat qui fait rage dans les rassemblements féministes, appuyé par certains sexologues et auquel je n’osais pas répondre de peur de me faire fustigée par les « vraies féministes » mais non seulement j’aime la teub, mais alors de ouf, mais en plus, je l’aime grosse. Malheureusement pour moi, chez les féministes, il est de bon ton de prétendre qu’un gros pénis n’est pas nécessaire au plaisir des femmes et qu’elles peuvent même se passer tout simplement de phallus. Mais ce qu’elles oublient de mentionner, c’est que c’est une idée à la fois vraie et fausse.
Autrefois, nous parlions de femmes plutôt clitoridiennes ou de femmes plutôt vaginales. Cela dit, il a depuis été prouvé que, qu’il s’agisse d’une stimulation du capuchon du clitoris et d’une stimulation du vagin, c’est toujours le clitoris qui est à l’œuvre lorsqu’une femme jouit. Néanmoins, il existe bel et bien des femmes qui n’aiment que ce que j’appelle la stimulation interne (vaginale), tout comme il y a des femmes qui préfèrent les stimulations externes, d’autres qui aiment les deux et enfin celles qui aiment les deux mais qui aiment l’une plus que l’autres. Or, si la plupart des femmes préfèrent les stimulations externes, parmi celles qui n’aiment que les stimulations interne et celles qui aiment les deux mais préfèrent l’interne, se passer d’un pénis ou d’un objet phallique est déjà moins évident.

A cela s’ajoute une autre réalité physiologique : l’étroitesse du vagin qui diffère d’une femme à l’autre. Et je vais en profiter pour débunker une idée reçue que les fondamentalistes religieux tentent de mettre dans les têtes des femmes pour qu’elles aient un seul partenaire sexuel dans leur vie : non, coucher avec plusieurs mecs n’élargit pas le vagin. Vous pouvez vous faire déboîter la te-cha comme vous le voulez, votre pomponnette reprendra toujours sa taille initiale car le vagin est élastique et a la fabuleuse capacité de s’élargir (au point de faire passer la tête d’un bébé pendant l’accouchement) et de s’allonger sous l’effet de l’excitation avant de reprendre sa forme d’origine.
Si les femmes qui viennent d’accoucher se sentent « dilatées », c’est uniquement parce que leur périnée a été bousillé pendant la naissance de leur enfant. Et la bonne nouvelle, c’est que, dans la majeure partie des cas, quelques séances de rééducation du périnée suffisent à le remettre en état et à vous faire jouir comme jaja (oui, j’aime bien cette expression).

Cela dit, comme la nature est bien faite, si certains hommes ont des gros pénis et d’autre des moins grands, les femmes sont plus ou moins étroites sous l’effet de l’excitation. Donc, alors que certaines femmes trouveront un sexe modeste tout à fait suffisant à leur plaisir, d’autres auront moins de plaisir, même si elles peuvent quand même en ressentir. Et je dirais même que si pour les premières, un gros sexe peut se montrer tout à fait déplaisant et douloureux, pour les autres, cela peut-être un délice.
Alors non, les femmes qui aiment les gros sexes et le disent ne sont pas toutes des hypocrites conditionnées par le machisme, même s’il y en a. Certaines connaissent juste leur corps, aime les stimulations internet et ont le vagin suffisamment élastique pour recevoir un gros sexe qui en quelques va-et-vient stimulera leur(s) point(s) de plaisir qui déclenchera des orgasmes de la mort qui tue en rafale.

Mais alors, quand on parle de gros sexe, parle-t-on la longueur ou de largeur ? Eh bien, cela dépend de Madame. Certaines femmes sont plus sensibles à la stimulation du col de l’utérus et/ou du cul de sac qui se trouvent tous deux au fond du vagin. Elles adoreront alors les pénis longs. D’autres, perdent la tête lorsqu’on stimule leur point G, l’entrée du vagin, la zone fontaine et/ou la zone postérieur du vagin qui chacun se trouve tout autour du vagin. Celles-ci préfèreront alors les sexes larges. Mais n’oublions pas qu’on peut aussi aimer les deux ou même, ni l’un ni l’autre.
Dora et les féministes qui blâment celles qui expriment leur préférence pour les gros sexes sont peut-être plus concernées par le plaisir procuré par des stimulations externes mais il est temps d’accepter l’idée que tout le monde n’est pas fait sur le même moule et qu’aucune sexualité n’est meilleure qu’une autre tant qu’on ressent du plaisir. N’est-ce pas justement le but de tous ces mouvements ?

Au final, ce qui m’inquiète vraiment dans cette prise de parole de Dora, une instagrameuse extrêmement écoutée, c’est que, comme c’est le cas avec pas mal de mouvements féministes, on assiste à une dérive. Alors que son initiative de parler de plaisir féminin est totalement légitime et nécessaire, cela devient une distribution de bons ou de mauvais points à celles qui sont de bonnes féministes. On en arrive à desservir le but de ce compte Instagram qui était d’aider les femmes à trouver leur plaisir sexuel et à interpeler les hommes sur le besoin qu’il s’intéresse au plaisir de leurs partenaires. Ce n’est pas en clamant des fausses vérités qu’on y arrivera.
Sous prétexte de désacraliser les gros sexes et de décomplexer les hommes avec un pénis d’une moindre taille, on en arrive à culpabiliser ces femmes qui assument leur sexualité. Il se trouve que certaines femmes éprouvent plus de plaisir avec un amant « bien monté ». Les culpabiliser pour ça est, à mon sens, d’une part aberrant car on ne choisit pas notre anatomie et, d’autre part, donne des complexes intimes alors que le but de ce compte Instagram était justement de décomplexer les femmes et leur sexualité.
Et si nous arrêtions juste de se juger les unes les autres et commencions à nous écouter, juste pour voir ce que ça donne lorsque les femmes choisissent la sororité à la compétition ?

Cela dit, je tiens à préciser que, non, il n’y a pas QUE la taille qui compte. La pénétration n’est qu’une des nombreuses façons d’arriver au plaisir et avoir un gros sexe quand on fait l’amour à une femme qui les préfère ne garanti pas de la faire grimper au rideau, loin de là.
D’autre part, qu’appelle-t-on, au juste, un gros sexe ? Qu’on préfèrent les stimulation interne et qu’on ait une certaine élasticité ou pas, parfois, trop gros, c’est juste trop gros. Rococo Sifredi, je le laisse volontiers aux actrices porno.
J’ai souvent entendu dire “il vaut mieux en avoir une petite travailleuse qu’une grosse paresseuse”. Et c’est entièrement vrai mais un grosse travailleuse, ça existe aussi et je n’ai rien contre, bien au contraire. Cela ne fait pas de moi une féministe en carton, juste une femme qui connait son corps et qui est suffisamment libre pour assumer ce qu’elle aime. C’est ça, pour moi, le vrai féminisme.
Et toi, t’en penses quoi ? Dis-nous tout dans les commentaires.
Vatsyayana en parle de façon claire dans le Kama Sutra. Ce n’est pas nouveau. Il distingue 3 tailles de vagin chez la femme (gazelle, cavale et elephant) et 3 tailles chez les hommes (lievre, taureau, etalon). Et il parle d’unions égales (tailles qui se correspondent) et inegales. Et il les classe de inférieures à supérieures. Avec les supérieures qui procurent le plus de satisfaction.
(Un peu de lecture, page 83 de la transcription française disponible ici: https://bookiner.com/product/attachment/800)
Alors si c’est un texte ancien, il est écrit avec beaucoup d’expérience (a défaut de connaissances de biologie moderne).
Aujourd’hui, on a une approche plus satisfaction personnelle que littéraire. Mais oui… En fait, c’est chacun son truc. Rien ne m’énerve plus que quelqu’un qui énonce direct « si vous etes comme ca, vous reniez ceci ». Une femme qui aime les gros sexes (les ressentir en elle, ou les voir sur son partenaire), ça la concerne elle (et ses partenaires)… Mais en aucun cas ça ne doit faire l’objet un jugement des autres. Et si certains mecs se sentent lésés… tant pis pour eux. Il y a plein de femmes de toutes les morphologies… heureusement… et il y a plein de mecs de toutes les morphologies.
Un peu de patience, d’adaptabilité, de compréhension et d’écoute de l’autre et on trouve des partenaires qui nous correspondent. C’est bien d’apprendre à se connaître soi même… Tout le monde n’est pas Rocco Sifredi (à commencer par moi). On l’accepte, au lieu de marginaliser les femmes (ou les hommes, d’ailleurs) qui préfèrent ce physique.
Tes articles sont toujours une belle source de reflexion. Merci!
Merci beaucoup pour ce commentaire. Je n’ai pas voulu mentionner le Kama Sutra car certaines le jugent archaïque et misogyne, à juste titre, d’ailleurs. Je voulais dire la même chose avec mes mots de femme en me basant de ce qu’on sait aujourd’hui sur l’anatomie féminine.
C’est clair que le Kama Sutra est archaique. 🙂 Et misogyne a tellement de points de vues. Rien que l’objectif de base « mesdames, comment attraper et séduire un bon parti qui vous permettra de vivre a ses crochets toute votre vie en étant la bonne servante qu’il cherche ». 🙂
La seule raison pour laquelle je l’ai cité c’était pour montrer que ce n’était pas nouveau. Mais aujourd’hui on a, par contre, un vrai éclairage nouveau, que tu as très bien exprimé. (Comme toujours.)
Merci pour le compliment 😉
Article intéressant surtout par rapport à certaines féministes qui ce sont malheureusement enfermées dans l’image du feminisme que je n’aime pas du tout. Celle du presque rejet de l’homme comme l’ennemi à abattre.
Pour ce qui est du reste, je n’ai pas trop d’idée sur la question grosse ou pas grosse. A 45 ans mon expérience en la matière se résume à un seul homme. Bon là je suis en instance de divorce. Peut-être dans quelques temps je reviendrai pour te faire part se mon retour d’expérience 😉❤.
Avec grand plaisir, Léna. Tu seras la bienvenue. 💋
Encore un excellent article avec lequel je suis entièrement d’accord et qui, je dirais même, relève du pur bon sens, voire de la sagesse ! J’ai eu a en parler avec des jeunes (j’ai 40 ans et toutes mes dents sexuelles) et je leur ai tenu exactement ce discours. Le vrai féminisme est là et comme dans bien d’autres combat c’est la diversité que l’on doit défendre. Bravo.
Merci beaucoup. Ca me touche énormément.
Un texte bien écrit , bien détaillé , sans jugement aucun .
Pour en avoir connues plusieurs , petites , grosses , longues, courtes , je reste une adepte des grosses et si possible longues. Pourquoi ? Et bien parce que j’y ressens plus de plaisir, parce que je sais ce dont j’ai besoin ou pas dans ma sexualité, parce que mes expériences me le confirment. C’est donc effectivement à l’appréciation de chacune.
Le féminisme ne se résume pas à une pensée unique où on doit toutes avoir la même . Non c’est aussi la diversité de pensée , de vivre, de faire , de parler . Surtout en ce qui concerne le plaisir sexuel . Nous sommes toutes différentes.
Exactement Lulu, le féminisme, C’est l’écoute et l’amour de l’autre.