
Vous est-il déjà arrivé de vous assoir et de penser à la chance que vous avez de pouvoir aimer librement ? Avez-vous déjà pensé à tous ces gens qui, il n’y a pas si longtemps, devaient se marier par intérêt, que ce soit le prince obligé de prendre sa cousine pour épouse alors qu’il rêve de sa petite servante ou la jeune fermière qui doit se hâter de se marier car sa famille ne peut plus assumer sa bouche à nourrir, en passant par les unions pour cacher une grossesse illégitime ou un secret de famille ?
Il n’y a pas si longtemps de ça, le mariage servait d’outil pour entretenir les convenances sociales et/ou obtenir une sécurité matérielle. Aujourd’hui, nous avons le luxe de décider qui nous voulons épouser. Nous avons même le luxe de refuser de nous marier pour jouir librement de nos amours.
Vous êtes-vous déjà demandé si vous viviez la chance que vous avez à fond ?
Il me suffit de regarder les gens autour de moi, célibataires ou en couple, pour me rendre compte que 80% d’entre eux gaspillent un temps précieux à se cacher derrière des relations « safe » qui ne les font pas vibrer, derrière des relations toxiques ou derrière un comportement (souvent inconscient) visant à rejeter l’autre dès qu’il ou elle commence à les toucher en profondeur. Le fait est que beaucoup d’entre nous cèdent à la peur de s’ouvrir, de construire un vraie relation pierre après pierre, et de vivre l’immense déchirure de la déception amoureuse.

Quand j’étais ado, ma mère, une grosse hyper complexée qui vivait mal le fait que sa fille devienne également grosse, me disait des choses comme « aucun mec ne voudra de toi, grosse comme tu es » dans l’espoir que cela me fasse réagir. Tout l’effet que cela a eu c’est de mettre quelque part dans mon esprit que l’amour n’était pas pour moi, que je ne méritais pas d’être aimée, que je n’avais pas droit à ça.
La peur de s’ouvrir, je sais ce que c’est. Je me suis longtemps interdite d’aimer. D’abord en enchainant les relations sans lendemain, ensuite en fuyant par n’importe quel prétexte les mecs qui me faisaient ressentir quelque chose, enfin en choisissant le mec le plus inoffensif que j’ai pu trouver et en me mettant en couple avec lui pendant 6 ans et demi alors que je ne ressentais pas de désir pour lui. J’avais beau savoir que ce n’était pas l’homme de ma vie, je m’enfonçais toujours un peu plus dans l’engagement avec lui.
A côté de ça, j’étais toujours amoureuse de mon amour de vacances de quand j’étais ado, le voyais toujours, mais refusais de l’assumer, je jouais au chat et à la souris avec un ancien plan cul et j’entretenais des échanges ambigus avec un de mes ex.
Jusqu’à ce que je n’arrive plus à faire semblant.
La vérité est que j’avais toujours eu peur de vivre pleinement ce que je ressentais, que dès qu’un homme me touchait vraiment, j’étais dans la fuite. Je multipliais les partenaires sexuels, je refusais d’assumer ce que je ressentais et la jouais bonne copine en m’infligeant ainsi le supplice de les voir avec une autre, je les rejetais et les rattrapais aussitôt par peur de les laisser définitivement partir, de me retrouver seule avec moi-même.
J’avais juste peur de m’ouvrir, d’y croire, de tout donner avant d’être abandonnée, là, exsangue et vidée de tout.
Pourtant cela ne m’a pas empêché de m’attacher, de m’investir, avant de tout perdre.

Laissez-moi vous dire une bonne chose : la peur n’évite pas le danger. Par ce comportement, on se condamne à une profonde solitude qui est finalement bien plus destructrice qu’un bon gros chagrin d’amour. Car plus on s’enferme, plus on reste dans la croyance limitante que les histoires d’amour finissent toujours avec pertes et fracas. Or, si une rupture est toujours affreusement douloureuse, surtout quand on a vraiment aimé la personne de qui on doit se détacher, elle n’efface pas l’enrichissement incroyable qu’on peut vivre pendant une vraie relation épanouissante. Mieux, les ruptures font grandir, permettent de mieux se connaître et de mieux s’aimer sans avoir besoin de passer par quelqu’un d’autre.
Sans relation sincère, sans volonté de rendre l’autre heureuse(x), sans volonté de se relever, il n’y a pas de remise en question, pas d’empathie pour mieux comprendre comment nos propos ou notre comportement impacte l’autre, pas d’échanges, pas d’apprentissage. Aimer, donner son amour, construire une relation, puis éventuellement se séparer fait grandir. Chacune de ces étapes est indispensable pour atteindre son potentiel, cette meilleure version de soi. Pour aimer correctement et être correctement aimé un jour, il faut accepter de vivre chacune d’entre elles.

Quand on parle de s’ouvrir, on se demande très vite si telle ou telle personne mérite qu’on s’ouvre à elle. Peut-on vraiment lui faire confiance ? Seulement, il ne s’agit pas tant faire confiance à quelqu’un. Il s’agit de se faire confiance à soi. Savoir que si la personne ne nous apporte rien de bon, on saura réagir, s’en aller et s’en remettre. Avoir peur de s’ouvrir, c’est croire au fond de soi qu’on est moins fort qu’on ne l’est en réalité, qu’on ne saura pas gérer une déception. Or, vous êtes bien plus fort(e) que vous ne le pensez.
Je fais de l’équitation depuis mes 5 ans. Pour moi, l’équitation ressemble beaucoup à une histoire d’amour. Il s’agit d’un couple qui communique, avance ensemble pour construire une relation. Tout le monde le sait : la première chose qu’on apprend en équitation, c’est que la chute de cheval fait partie du jeu, qu’elle ne se produit jamais par hasard, que les 2 membres du couple y ont toujours leur part de responsabilité. Mais surtout que la première chose à faire après une chute est de remonter tout de suite. SAUF quand l’un est gravement blessé. Là, on prend le temps de guérir de ses blessures et après on remonte. Mais il faut toujours remonter, que ce soit avec le même cheval ou avec un autre, sous peine de rester paralysé de peur devant les chevaux toute sa vie.
C’est exactement la même chose en amour : bien qu’il soit nécessaire de prendre du recul pour comprendre ce qui n’a pas marché et ce qu’on peut améliorer, une fois que la leçon est apprise, plus on évite les vraies relations amoureuses, plus on développe un comportement et des névroses nous isolant davantage.

« Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour », disait Pierre Reverdy. J’ai mis du temps à comprendre à quel point cette phrase était la base de tout, en amour. Elle signifie que l’amour n’est pas qu’un sentiment, c’est aussi un choix et que tant qu’on ne décide pas de donner cet amour, de l’exprimer, de le prouver, il n’existe tout simplement pas. Seul le choix d’aimer donne vie à l’amour.
Être heureux en amour demande un peu de courage. Que vous soyez en couple mais que vous passiez votre temps à penser à quelqu’un d’autre, ou à regarder ailleurs, que vous enchainiez les relations sans lendemain, que vous ayez tendance à garder vos ex sous le coude, que vous choisissiez sans arrêt les mauvaises personnes, que soyez sex addict, que vous ayez besoin de « jouer » pour être attiré(e) par quelqu’un… Tout ceci n’est rien d’autre qu’une carapace.
Même si au fond de vous, vous ne rêvez pas mieux que de rencontrer LA personne qui vous fera chavirer, une autre partie de vous, plus grosse, celle qui a le dernier mot, est terrifiée à l’idée de s’ouvrir et ne donne aucune chance à l’autre quand elle voit que ça pourrait être « sérieux ».
Mais la bonne nouvelle est qu’il ne tient qu’à vous pour que vous baissiez la garde.
J’ai dernièrement eu une coaching très intéressant à ce sujet. Mon coaché m’a dit : “Je fais souffrir les femmes. Je ne peux pas m’en empêcher. Je me sens important quand elles pleurent.” Ce à quoi je lui ai répondu “Non, ce que tu fais c’est pousser les femmes dans d’autres bras car un jour elles se rendent compte de tes névroses et s’en vont. En vérité, c’est à toi que tu fais du mal car c’est toujours toi qui reste seul. Elle, elle s’en remette 5/5. Pas toi.”

Comme le dit le poème Invictus, vous êtes le capitaine de votre bateau. La vérité des uns, n’est pas forcément la vôtre. Si dans la réalité de ma mère les femmes rondes font tapisserie, dans la mienne, je n’ai jamais eu de mal à plaire. Ca a toujours été moi qui fermais la porte en m’intéressant à la mauvaise personne ou en provocant la fuite de l’autre. Il n’a toujours tenu qu’à moi de laisser cette idée limitante à ma mère pour vivre ma propre vie. Tout comme la seule personne qui vous condamne à ne faire qu’effleurer l’amour sans jamais vraiment le connaître, c’est vous.
Vous avez beau penser que l’amour n’est pas pour vous, combien de fois avez-vous rencontré quelqu’un qui ne demandait pas mieux qu’à vous rendre heureux(se) et combien d’entre eux(elles) avez-vous rejeté ? Bien sûr, il y a celles(ceux) que vous avez rejeté(e)s car ils(elles) ne vous plaisaient pas mais qu’en est-il de celle(ceux) qui vous plaisaient trop, qui parlait à votre moi intérieur et vous touchait en plein cœur ? Que ce soit en les fuyant, en provocant une dispute ou en allant voir ailleurs, n’avez-vous jamais remarqué que ça arrivait souvent à un moment où vous vous sentiez vraiment très proche de cette personne ? Trop proche, vous a dit la petite voix.
Arrêtez d’écouter la petite musique qui vous dit que l’amour n’est pas pour vous, que ça se finira forcément mal pour vous et que vous ne saurez pas gérer une vraie peine de cœur. Vous n’êtes pas en sucre et l’amour n’est pas une question de mérite. Hitler lui-même est mort amoureux et aimé. L’amour est une question de choix, l’a toujours été et le sera toujours. A vous de le choisir.

Eté 2020, j’écris ces mots dans mon Bullet Journal : « En 1 an, j’ai perdu mon entreprise, mon mec, mon appart, ma tante et me voilà 2 ans plus tard, plus heureuse que jamais. Que vienne l’amour, le vrai. Je suis prête. Je n’ai plus peur. Je me remettrai de tout. Je suis invincible. »
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