Nous avons tous entendu cette phrase brandit comme une vérité absolue. Pourtant, à l’aube de mes 40 ans, je découvre qu’il n’en est rien. Pour comprendre pourquoi, je revois avec vous toutes les clés qui ont fait que ma sexualité est devenue plus facile.

Dimanche matin. Je me réveille dans les bras d’un ancien amant. Ce qui ne devait être qu’un verre vite-fait est devenu un ciné, puis un dîner et a fini chez lui. Rien de surprenant. J’adore ce mec. Je l’adore mais je n’ai aucune envie de construire une relation avec lui car sa conception du couple ne me fait vraiment pas rêver. Peut-être aussi que j’aime bien cette relation avec moi-même que j’entretiens depuis 3 ans. Cela dit, s’il y a bien une chose qui me manque en étant célibataire, c’est qu’on me réveille en me faisant l’amour. Exactement comme il le fait, là, maintenant. Il me caresse et me prends jusqu’à ce que je sois à deux doigts de jouir et au moment où je pars il me glisse à l’oreille « j’adore faire l’amour avec toi, tu jouis si facilement. »
Quelques heures plus tard, assise dans mon TER pour rentrer chez moi, je repense à cette phrase : « tu jouis si facilement. » C’est bien la première fois qu’un mec me dit ça, même s’il n’est pas le seul à avoir fait l’exploit de me faire jouir bien avant lui. Il y a eu un autre mec qui avait ce don-là. Néanmoins, si on compare ces 2 amants à tous ceux qui ont galéré pour me faire jouir, quand ils y sont arrivés, le moins qu’on puisse dire c’est que pour la grande majorité des hommes avec qui j’ai couché, mon plaisir est un mystère. Et je suis loin d’être la seule.
N’avez-vous jamais entendu que faire jouir une femme est plus compliqué ou prend plus de temps ? Pour beaucoup d’entre nous cette disparité dans le plaisir sexuel est un fait. Pourtant, à l’aube de mes 40 ans, je réalise que c’est loin d’être un dogme indiscutable, alors parlons de cul. Vraiment. Parlons de plaisir féminin : Combien de temps mettez-vous à vous faire jouir (toute seule, j’enteds) ? Moi, ça va de quelques secondes, quand je suis vraiment chaude patate, à 8 max. Au-delà de 10 minutes, c’est que je ne suis pas dedans et, le plus souvent, je lâche l’affaire. Et oui, c’est très rapide par rapport au temps que je mettais au début de ma vie sexuelle mais pas inhabituel pour une femme de mon âge.
Alors, puisqu’il me parait aujourd’hui indéniable qu’une femme peut jouir tout aussi vite qu’un homme, voire plus vite encore, comment expliquer que ce que j’observe dans ma vie sexuelle va à l’encontre de ce que j’ai appris ? Mais surtout quels sont les superpouvoirs de ces 2 amants qui m’ont envoyée au septième ciel en 2-2 ? Jouir, ce n’est déjà pas donné à tout le monde mais jouir rapidement avec un partenaire, ça ressemble à un miracle. Pourtant, il n’en est rien et dans cet article, je vais vous expliquer, en me basant sur ma propre expérience, toutes les digues qui ont dû sauter pour que j’en arrive là.
N’hésitez pas à me dire en commentaire si j’oublie quelque chose ou si vous avez trouvé votre plaisir en déconstruisant quelque chose à laquelle je n’ai pas pensé. Echangeons. Partageons.

La première digue qui doit sauter si on veut espérer connaître l’orgasme, c’est celle de la honte. Il faut s’autoriser à jouir. Et pour cela, il n’y a pas 36.000 solutions : il faut mettre à la poubelle le syndrome de la vierge et de la putain. Cette idée qu’une femme respectable ne jouit pas est un poison autant pour les hommes que pour les femmes. Il encourage les femmes à se fermer, à ne baiser que par devoir pour laisser Jules se satisfaire et non par envie. Résultat, les femmes disent d’abord non avant de laisser faire et les hommes ont du mal à distinguer le « non, je suis une fille donc je dois me faire prier » du non définitif. C’est une plaie. D’autre part, comment voulez-vous ressentir du plaisir lorsqu’on vous impose quelque chose dont vous n’avez pas profondément envie ?
Pour jouir, il faut prendre sa sexualité en main, s’ouvrir, aller totalement à la rencontre de son plaisir, s’abandonner et l’accueillir. Vous ne pouvez pas jouir si vous culpabilisez d’éprouver du plaisir, vous devez l’autoriser à vous envahir. Et si votre mec a le malheur de vous juger pour ça, changez de mec. Ce n’est pas lui qui vous mènera aux 7ème ciel. Votre partenaire est sensé vous encourager, vous accompagner dans cette expérience, pas en profiter pour vous rabaisser. Comprenez bien qu’un mec qui considère qu’il y a les filles bien qu’on épouse et les salopes qu’on baise, qui a besoin de mépriser la femme avec qui il prend son pied vous trompera tôt ou tard. Tous les mecs ne pensent pas comme ça, trouvez-en un qui voit la princesse qui est en vous, même quand vous enchainez les orgasmes alors qu’il vous prend en levrette.
Pour ma part, il me suffit d’entendre de la bouche de mon prétendant le mot « salope » ou « cochonne », même dans le feu de l’action, pour que je le raye mentalement de la liste de mes amants et si ça arrive au pire moment, ça me coupe tout.
D’ailleurs, un homme qui a besoin de rabaisser une femme, que ce soit au lit ou ailleurs, exprime son manque de confiance en lui. Pour moi, ce n’est pas un homme et je ne suis pédophile.
Ah et, messieurs, à moins que la demoiselle vous l’ait expressément demandé, gardez vos claques sur les fesses pour vous. Vous vous prenez pour nos pères ou quoi ? C’est tellement tordu ! Laissez la porn culture au vestiaire quand vous couchez avec une vraie partenaire. Merci.

Le désir fait aussi entièrement partie des ingrédients pour une sexualité épanouie et j’ai mis beaucoup temps à comprendre que le désir, ce n’est pas l’attirance et ce n’est pas non plus l’amour. On peut désirer un homme qu’on n’aime pas, voire même qui nous dégoûte. Prendre son plaisir en main c’est aussi assumer et accompagner son désir. Il arrive qu’on ne désire pas l’homme qu’on aime. Il faut l’accepter. Il arrive aussi qu’on ne ressente pas de désir pour un homme qui sur le papier avait tout pour faire des étincelles. Il faut l’accepter. Et il arrive aussi qu’on ait follement envie du seul mec qui nous exaspère. Il faut l’accepter.
Depuis plus de deux millénaires, les désirs des femmes sont totalement diabolisés. Bien que cela fait 2 siècles que l’Europe a abandonné la pratique de l’excision, l’éducation reste une camisole redoutable. On nous apprend depuis toute petite à ne pas exprimer notre désir, justement à cause du syndrome de la vierge et de la putain. A force de le réprimer, nous en oublions son existence et surtout, nous oublions de nous en servir.
Or, comme je le disais plus tôt, pour prendre du plaisir, il faut avoir envie de faire l’amour et certaines personnes seront toujours plus inspirante pour vous que d’autres. Il y a des gens qu’on a envie de plaquer contre un mur et de baiser toute la nuit et d’autres qui nous inspirent moins et c’est OK.
Je me suis longtemps convaincue que le plus important était l’amour mais le fait est que l’amour sans désir, pour moi, ce n’est pas assez. Ma sexualité est trop importante à mes yeux pour accepter de ne pas désirer mon homme. D’autre part, sans le renfort du désir, l’amour finit par s’étioler.
Une fois qu’on comprend ça, il faut également accepter d’arrêter de coucher avec des hommes qu’on ne désire pas sincèrement du profond de soi. La vérité est que le sexe n’est pas une récompense qu’on accorde à quelqu’un pour nous avoir donné de l’attention. On y va avec gourmandise ou pas du tout. Le désir de se commande pas, ne se marchande pas. Il est là ou il ne l’est pas. Il faut seulement savoir surfer sur la vague quand elle se présente et arrêter de pagayer à plat vendre sur la planche de surf alors qu’on est en pleine méditerranée.
Et puis, une fois qu’on a compris ça, il faut accepter que ça marche aussi dans les deux sens, ne pas culpabiliser un homme qui n’a pas ou plus envie de vous et savoir s’en aller pour trouver sa juste place dans d’autres bras.

L’autre digue à faire sauter, c’est celle qui libère les émotions. Et pour quelqu’un de cérébral, comme moi, je peux vous dire que ça a mis beaucoup mais alors beaucoup de temps. J’ai mis le temps mais j’ai fini par comprendre que, pour moi, le sexe est quelque chose d’infiniment intime que je n’ai pas forcément envie de partager avec tout le monde. Peu importe la beauté, l’intelligence ou l’humour qu’a un mec, en fin de compte, pour avoir vraiment envie de lui j’ai besoin d’avoir une véritable connexion avec lui et cette connexion se construit. Elle a besoin de prendre racine et de s’épanouir lentement mais sûrement. J’ai donc dû me rendre à l’évidence : les histoires d‘un soir et autres plans cul, ce n’est pas pour moi.
J’ai besoin d’avoir envie des bras d’un homme pour le désirer, de me savoir en sécurité avec lui, de pouvoir lui faire confiance, de me savoir acceptée et désirée dans ma globalité. Quel intérêt de coucher avec quelqu’un dont on n’a pas forcément envie de sentir son souffle sur sa peau, sentir la chair de poule apparaitre, qu’il l’embrasse, se lover dans son cou, lui caresser tendrement le dos, vouloir voir son visage et sourire de le voir frissonner ? Quel intérêt de coucher avec quelqu’un qui ne vous fait vibrer ?
L’hygiène ? Pour ça, j’ai de supers sextoys gracieusement offerts pour que je puisse vous en parler sur ce blog. Je n’ai besoin de personne pour l’hygiène et vous non plus. La masturbation est une forme de sexualité tout à fait valide. Comme le dit si bien Woody Allen (il ne peut pas dire ou faire que des conneries) « la masturbation, c’est l’assurance de faire l’amour avec quelqu’un qu’on aime. »
Quand je fais l’amour avec un homme, ce n’est pas pour le laisser faire son affaire en faisant l’étoile de mer. C’est pour tout donner et tout prendre. Je veux vibrer.
Construire ce genre de relation avec quelqu’un prend de temps et nécessite beaucoup de bienveillance et d’estime. On ne rencontre pas ce genre de personne tous les 4 matins, je vous l’accorde, mais quand ça arrive, c’est tellement fort.
Vous remarquerez que je ne parle même pas d’amour ici car, comme je l’ai dit plus haut, on n’a pas besoin d’aimer quelqu’un pour le désirer mais il faut avoir envie de donner de plaisir, de toucher l’autre, de le regarder, de s’abandonner à lui, de se laisser aller, de lui donner de la tendresse… On n’a pas besoin d’aimer quelqu’un pour donner ça mais on a besoin de savoir que la personne mérite le temps et la bienveillance qu’on lui accorde. En être persuader et lâcher prise prend du temps. Et c’est OK car ce temps qu’on vous donne est justement une des nombreuses preuves nécessaires pour savoir que la personne est à la hauteur.
Mais même si l’amour n’est pas indispensable, j’ai besoin de savoir qu’il reste sur le table afin de pouvoir lâcher les chevaux.
Le plaisir sexuel, je l’ai aussi trouvé en m’autorisant à être exigeante sur les hommes qui avaient le privilège de partager une nuit avec moi. J’ai arrêté de penser que je devais quoi que ce soit à un homme et à être égoïste : c’est quand je veux, où je veux, si je veux. Et le fait d’avoir mis autant de temps à le comprendre est vraiment le signe qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans l’éducation des femmes. Le sexe n’est pas un dû mais un privilège pour devenir un plaisir.

Je la mets en dernier car il en faut bien une dernière mais, on pourrait bien la mettre en premier car, à vrai dire, le mieux serait de savoir ça avant d’entamer sa sexualité. Personnellement j’ai découvert tout ça au fur et à mesure de ma vie sexuelle donc je vous la partage ici : la connaissance de l’anatomie féminine.
Pour connaître mon premier orgasme, il m’a d’abord fallu connaitre l’existence du clitoris et autant vous dire qu’à la fin des années 90, le seul moyen d’en prendre connaissance était de regarder du porno (film ou magazine). Heureusement, j’ai un grand frère à qui j’ai pu piquer quelques films. Je me souviens encore d’avoir été partagée entre le dégout et la curiosité. Clairement, les films pornos ne sont pas un bon moyen d’apprentissage mais au moins, quand j’ai vu 2 femmes se frotter l’une à l’autre par l’entre-jambe, j’ai compris qu’il y avait quelque chose qui m’échappait et ai pu me lancer dans des investigations d’un sérieux qui m’épate encore. A 17 ans, de film en film et de palpation en palpation, j’ai découvert le graal. Ce n’est qu’à 24 ans qu’un de mes partenaires l’a découvert aussi. Et c’est comme ça que j’ai découvert l’orgasme, d’abord seule puis à 2.
A 28 ans, j’ai découvert l’orgasme multiple en contractant mon périnée de manière à orienter le pénis de mon partenaire pour qu’il frotte sur la paroi supérieure de mon vagin (mon point G) mais j’ai mis presque 10 ans de plus avant de comprendre que c’était moi qui avais fait ça et non mon partenaire. Pendant tout ce temps, je le prenais pour un dieu du sexe alors qu’il ne savait même pas faire un cunnilingus correct. A l’instar du clitoris, le périnée est un élément dont on ne parle pas assez aux femmes et qui pourrait pourtant les aider à mieux appréhender leur sexualité. Je vous en parle en détail dans cette vidéo.
Autre idée reçu qui a longtemps parasité ma vie sexuelle : celle qui j’aime les hommes bien montés. D’ailleurs, je vous en parlais ici. Si vous n’avez pas encore lu l’article, je vous invite à le faire afin de comprendre ce que je vais vous dire ici : C’est à la fois vrai et non. Disons que mécaniquement, un homme muni d’un gros pénis sera plus à même de frotter mon point G puisqu’il frotte tous les points de plaisir en même temps mais encore faut-il qu’il ait le coup de rein efficace, sinon, ça ne fait que mal. Un homme au dimensions plus modestes peut non seulement arriver au même résultat mais en plus il le fait sans causer la moindre déchirure ou irritation. En effet, avec un bon coup de reins et une certaine souplesse du bassin, pas besoin de s’appeler Rocco Sifredi pour faire grimper au rideaux. Il suffit de de la mettre où i faut.
Enfin, afin de prendre la pleine puissance de son plaisir, il faut pratiquer et pratiquer afin d’éduquer son corps au plaisir. Car, le corps humain est merveilleusement bien fait et plus on jouit, plus le corps comprends que c’est l’effet recherché et nous ouvre les portes de l’extase. Notons que si le corps des femmes doit aller au contact du plaisir pendant le coït, à l’inverse, tout au long de leur sexualité, les hommes apprennent à contrôler leur éjaculation. Ci-bien qu’à la fin de la trentaine, on arrive à un équilibre magique pendant lequel les temps pour arriver à l’orgasme se croisent, s’harmonisent et s’entremêlent.

Apprendre à jouir nécessite de se connaître et de s’accepter afin de se donner ce qu’on aime vraiment et ça, ça demande de déconstruire pas mal de connerie qu’on nous met dans la tête. Cela peut prendre plus ou moins de temps mais le plus important est de savoir qu’une fois que c’est fait, des années de plaisir nous attendent.
Une amie à qui je parlais d’éducation sexuelle m’a dit que ça ne sert à rien à part à mettre des conneries dans la tête des enfants. Eh bien voilà à quoi ça peut servir : à arrêter de véhiculer des croyances qui ne font que de saboter le potentiel sexuel des femmes.
Et vous qu’elles ont été les clés de votre plaisir ?
Laisser un commentaire